lundi, avril 21, 2025

Cinéclub - Ne Zha 2

Ne Zha 2 est la suite de Ne Zha, film Chinois d'animation reprenant le héros mythologique Ne Zha, jeune garçon né démon au grand coeur. Dans cette suite, le garçon doit partager son corps avec le fils du dragon, son rival dans l'épisode précédent, pour remporter une épreuve céleste et lui permettre de récupérer son propre corps.

Déjà, techniquement, c'est un succès absolu : les graphismes sont magnifiques, les effets d'eau, de surface d'océan, de lave, de fumée, sont tous rendus avec un réalisme époustouflant. L'animation est belle, le design des personnages est très riche, et va des personnages divins très stylisés jusqu'aux caricatures comiques des paysans (étrangement, ce n'est jamais l'inverse). L'on a aussi dragons et monstres marins, avec une mention spéciale pour le combattant requin particulièrement bien fait.

Beau travail sur le sound design également. En revanche, la musique est perfectible - Le riff de guitare électrique lors de la bataille finale m'a semblé un peu décalé.

Mais pour moi, le gros défaut de ce film, c'est le scénario. L'histoire est brouillonne, part dans tout un tas de directions, avec retournements et countre-retournements qui n'apportent pas grand chose. L'on a de nombreux personnages à peine effleurés et dont on a du mal à comprendre les motivations, en particulier le vieux maître sur son bambou, son fils l'enfant léopard et son autre fils (?) le mage au fouet, antipathique mais pas tant que ça (?). On nous fait également un setup de fou sur les frêres de Ne Zha, qui ne servent finalement à rien. Le scénario est donc complètement forcé : Ne Zha accepte d'aider le fils du dragon à retrouver son corps, pourquoi donc lui mettre la pression en le menaçant de détruire sa ville s'il ne réussit pas dans les 7 jours ? Mieux vaut tenter de l'aider ! Pourquoi la mère du héros meurt-elle alors que tous les autres dans le chaudron ont l'air de tenir le coup, personne pour lui filer un coup de main magique ? Cette scène, d'ailleurs, me semble complètement ratée : si l'on a besoin d'un flash-back de 5 minutes pour expliquer à quel point cette disparition est tragique et touche le héros, alors on a complètement raté la mise en place du personnage et des enjeux !

Le ton du film même est brouillon : humour scato et mignons cochons volants d'un côté, meurtres de masse et drames familiaux de l'autre.

Je suppose que de nombreux personnages ou références parlent plus au public chinois : le dieu de la longévité qui prépare ses pillules d'immortalité, la représentation du palais céleste, les elixirs taoistes, les guerriers celestes qui sont en fait des esprits animaux de cerf et de grue (grands classiques que l'on retrouve dans pratiquement chaque chapitre de la "périgrination vers l'ouest").

Finalement, voici un film qui à mon avis aurait gagné à décider ce qu'il voulait être, plutôt que de vouloir tout faire. Un scénario resséré, un arc clair, un humour mieux dosé. Peut-être pour Ne Zha 3 ?

lundi, avril 07, 2025

Cinéclub - Flow

Avec son oscar du meilleur film d'animation 2025, son absence de dialogues, et un développement qui utilise le modeleur 3D Blender, un de mes logiciels favoris, j'avais très envie de voir Flow. Et je n'ai pas été déçu ! C'est un film qui prend son temps, et qui propose parmi de magnifiques décors naturels et urbains une histoire sur la solidarité qui se créé entre 5 animaux, le chat, le capybara, le chien, le singe et l'oiseau, qui tentent d'échapper à une gigantesque montée des eaux dans un monde d'où les humains ont disparu.

Le parti pris esthétique a un côté presque impressioniste, avec des à-plats de couleurs plutôt que de rechercher l'hyper-réalisme. Ajouté aux détails foisonnants de la végétation, aux couleurs des poissons, à l'eau glauque dans laquelle le chat tombe un peu trop souvent à son goût, c'est une claque graphique tout à fait remarquable. Le travail d'animation est également excellent, et les mouvements du chat et des autres animaux semblent naturels et realistes.

L'histoire avance assez lentement, et les adolescents biberonnés à Tik Tok pourraient trouver le temps long. Il faut se laisser porter par le film, qui commence lentement avec un rythme plus contemplatif, et accélère au fur et à mesure des péripéties de nos animaux.

Le film est bourré de symbolismes et de références bibliques (difficile d'échapper au mythe de l'arche de Noé quand on a des bestioles sur un bateau alors que le monde est englouti). Il est intéressant de tenter de décrypter l'arc de chaque animal, en partant de ce qu'il représente, ainsi le chat solitaire qui construit doucement une amitié, le singe narcissique qui amasse tout un tas d'objets inutiles et passe son temps à se contempler dans son miroir, le chien joyeux et joueur mais dissipé, et vers quoi il évolue, c'est à dire une amitié durable et forte. Plus mystérieux sont le capybara tout d'abord, qui est l'animal généreux et sociable qui accepte tout le monde, mais pour lequel il ne semble pas y avoir d'arc narratif, et enfin l'oiseau, archétype de la sagesse, qui protège le chat, et semble savoir exactement où il veut aller et pourquoi. L'aboutissement de sa quête est particulièrement énigmatique, je l'ai compris comme un sacrifice pour faire redescendre les eaux, mais pourquoi, comment, et vers qui (une divinité ? mais dans quel but ?).

Enfin, l'absence totale de dialogues est magistralement compensée par les bruits des animaux, leurs expressions et leur langage corporel, le tout servi avec de la belle musique. Un bon moment !

mercredi, avril 02, 2025

Cinéclub - Intouchables

Celui là, je l'avais complètement oublié, et c'est en le voyant bientôt sorti de Prime que je me suis dit que c'était l'occasion ou jamais. Ça m'a beaucoup plu, très français dans sa manière de mélanger comédie et drame, et de présenter des personnages épais, qui ont une histoire, des défauts, mais surtout une grande humanité. Pas de chichis dans la mise en scène, mis à part la prolepse initiale (c'est comme ça qu'on appelle un flash forward en bon français, apparemment), qui pose immédiatement la grande complicité qui unira rapidement les deux personnages. En revanche, les dialogues sont ciselés. "Le mec il a saigné du nez sur un fond blanc et il demande 30.000 euros", "Il peint???"... Un bon moment !