Je découvre un autre auteur de deuxième moitié de XIXème siècle, mon époque favorite. Il s'agit d'Émile Gaboriau, auteur de romans policiers. Un petit air de Maupassant pour le portrait doux-amer d'une époque où l'on se déplaçait en fiacre, où l'on était jugé sur son nombre de milliers de livres de rentes, et où on allait au théâtre pour se montrer avec sa dernière maîtresse. Et un gros air de Conan Doyle avec deux détectives, le père Tirauclair, et l'agent de la sûreté Lecoq, inspiré de François Vidocq. Ces deux détectives récoltent les indices et tirent de long raisonnements pour expliquer le crime, façon Sherlock Holmes ou Arsène Lupin.
Sauf que l'inspiration va dans l'autre sens: Émile Gaboriau, lui-même inspiré du personnage d'Auguste Dupin de Poe, a fortement influencé Connan Doyle, avant d'être complètement dépassé par la popularité du célèbre détective britannique.
Il est intéressant de noter que Gaboriau prend une approche très réaliste de l'enquête policière: l'on retrouve juges d'instructions, procureurs, et agents de la sûreté, associés pour faire éclater la vérité, mais avec pourtant une certaine dose de compétition. Il s'agit non seulement de trouver le coupable, mais également d'apporter suffisamment de preuves pour avoir une chance de le faire condamner par le jury. Et quand le juge d'instruction part bille en tête sur une idée fausse, l'agent de la sûreté ne peut s'empêcher de prendre un malin plaisir à lui démontrer son erreur.
Au final, ça se lit très bien, le style est agréable, et les enquêtes sont pleines de rebondissements. Contrairement à ce à quoi l'on pourrait s'attendre de ces toutes premières histoires de détectives, les histoires étonnent encore. Bien joué, Émile!
Commencez par L'Affaire Lerouge, et continuez avec Le Crime d'Orcival.
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